6. Les bilans globaux au niveau de la région

Le CEMAGREF a procédé en 1994 à une analyse critique des données qui ont servi à l'établissement de ces bilans communaux et cantonaux. Ces chiffres ont été croisés avec d'autres informations émanant d'autre sources et ceci nous conduit à proposer les bilans suivants pour 1988 et 1992 (tableau 5).

Dans ce tableau la colonne "exportation des cultures" mérite un commentaire : le chiffre de 310 000 tonnes correspondrait à une exportation par les cultures au potentiel (rendement maximal sous un climat donné et pour un sol donné). L'exportation réelle serait inférieure (peut être de l'ordre de 20 %).

Nous introduisons ici la notion d'abattement (dernière colonne). L'abattement est l'ensemble des processus qui consomment de l'azote. On peut citer dans ces processus : la volatilisation, la dénitrification, la réorganisation d'azote sous forme de matière organique, l'auto-épuration et l'augmentation du stock dans les nappes et dans les sols. Il faut aussi remarquer que dans ces bilans de type CORPEN la minéralisation de la matière organique n'est pas prise en compte et nous savons qu'en Bretagne, elle peut être très importante (éventuellement de plusieurs centaines de kg de N par hectare et par an, résultat de l'arrière effet de nombreuses années de réorganisations massives).

On observe qu'en 1988, les flux d'azote mesurés vers les estuaires auraient été de 270 000 tonnes de NO3-, soit du même ordre de grandeur que l'abattement.

L'évolution de 1988 à 1992 se caractérise de la façon suivante: diminution de 60 000 tonnes de la quantité d'azote minéral utilisé en Bretagne, légère diminution de l'azote d'origine bovine (moins 5 000 tonnes), augmentation de l'azote d'origine porcine et avicole (environ plus 5 000 tonnes d'augmentation chacun). On peut en conclure que dans les zones sans élevage hors sol, le bilan d'azote s'est amélioré et on devrait voir la qualité des eaux s'améliorer progressivement dans les prochaines années. Par contre, dans les zones d'élevage hors sol, la situation s'est dégradée, la qualité de l'eau va continuer à se dégrader. Le rythme d'augmentation mesuré de la dégradation de la qualité de l'eau est de 2 à plus de 4 mg de NO3- par an. Rien ne permet pour l'instant d'espérer une amélioration. Sur le plan du bilan régional de l'azote, ce bilan s'est amélioré, alors que les flux d'azote vers les estuaires ont continué à augmenter, de même que la concentration en nitrates a continué à croître. Les concentrations et les flux d'azote ont continué à croître sans doute sous l'effet de la minéralisation de la matière organique qui est comme nous l'avons dit plus haut le reflet d'un arrière effet de réorganisations massives dues aux années précédentes.

Observons bien que les prévisions optimistes d'amélioration de la qualité des eaux (en regard à l'azote) dans les zones sans élevage hors sol ne sont fondées sur aucune modélisation, mais sur la simple observation de l'amélioration des bilans dans ces zones.

Le tableau 5 donne une estimation des proportions relatives des apports d'azote d'origine porcine, bovine, avicole pour les années 1988 et 1992.


Page précédente | Index | Publication | Sommaire | Page suivante